Saint Pierre Martinique

 Mercredi 26 janvier

Petite Anse d'Arlet : nous partons à terre pour faire du gasoil mais il n'y en a pas. Un Arlésien nous dit que c'est à Grand Anse d'Arlet que nous trouverons une station. Nous repartons donc sur Grande Anse où nous nous frayons un chemin entre les bateaux. Nous demandons à notre voisin de bateau où se trouve la station mais il répond évasivement qu'il n'y en a pas. Nous ne voulons pas risquer d'être à cours, le gasoil est nécessaire sur la côte sous le vent. Bernard descend à terre et a confirmation. Comme je suis restée sur le bateau car le mouillage est vraiment très à l'étroit, nous décidons de repartir tout de suite plutôt que de prendre un bus pour l'Anse à L'Ane. Nous partirons sur Saint Pierre où nous passerons la nuit.

Grains, hélitreuillage, voiliers au moteur, hommes grenouilles avec palmes volant dans le ciel, pétole, scooters des mers camouflage, bizarre bizarre l'Anse de Fort de France.

Saint Pierre : Mamée née en 1897, m'a parlé et reparlé de cette ville détruite en 1902 par une nuée ardente faisant 30 000 morts etun seul rescapé prisonnier dans son cachot. En 2002 nous nous sommes trouvés par hasard à Saint Pierre un 8 mai et surpris du nombre de personnes présentes sur la Montagne Pelée. Evidemment nous ignorions qu'ils célébraient les 100 ans de l'éruption.

Nous mouillons près de la côte  10 mètres de profondeur. Nous nous grillons du pain pour faire des toasts avec de l'espadon fumé acheté le 14 janvier avec une date de péremption 15 janvier nous sommes le 26 mais comme je dis toujours, si le nez ne sent rien et que le palais ne sent rien de spécial, c'est mangeable. La preuve : je suis encore là pour l'écrire. Mon record, un yaourt vieuxde 14 mois trouvé dans le frigo où on perd les choses tellement il est grand (à la maison bien sûr)... Nous en sommes là lorsque nous voyons arriver à vive allure un youyou avec un anglais qui nous demande ce que c'est que notre bateau et une française qui ne dit rien. Nous apprendrons donc plus tard qu'elle est française au moment précis où elle s'est mise à parler. Matt nous pose plein de questions et est enthousiaste par la ligne de notre Le Café de la Plage... Je me dis qu'il doit être architecte marine old style ou quelque chose comme ça. Que nenni, ils montent à bord et nous racontent leur premiers pas sur le bateau que Matt vient d'acheter en Caroline du Sud. Annick est bretonne vivant dans le Lot, Matt est anglais et vit dans le Lot et ont assez des hivers dans le Lot. Bref, il sont venus dans la Caraïbe se réchauffer les épaules. Ils ont un projet qu'ils nous demandent de partager : organiser un tour avec nos bateaux (dans un premier temps) et de faire du commerce propre, ou plutôt du transport de produits écologiques qui se vendront plus chers parce que transportés sans pollution. Dans un deuxième temps, nous achèterons des voiliers de course et ferons du commerce en plus grand en faisant payer la course à des équipiers volontaires et payants, qui en plus feront tout pour que la régate se gagne et donc cela diminue d'autant les jours de vivre et de boire à bord... Un verre de jus de fruits plus loin, nous nous séparons nous, pour aller à terre faire du gasoil et eux pour continuer leur aventure. Belle rencontre.

Nous "beachons" sur la plage de St Pierre, c'est à dire que nous essayons de surfer la vague qui arrive au bord avec notre annexe au fond plat. Bien entendu c'est raté et je me réjouis que nous ayons acheté un sac étanche, l'appareil photo et le téléphone résistent à l'atterrissage. Par contre Bernard a beau me supplier pour que je retourne avec lui au Café de la Plage pour y déposer les bidons de gasoil, c'est NIET ! il fera pendant quelques minutes la joie des Pierrotins qui assisteront à du grand spectable d'homme à moitié sec qui devient mouillé. Je vois son tee shirt "LIVE SLOW" sur l'avant l'inscription "Sail Fast" s'abîmer doucement dans l'océan. Lâchement je fais le chemin jusqu'à la digue à pied le temps que Bernard retourne au bateau avec le carburant, se change et revienne sec. Je continue à prendre des photos sur la plage. J'ai acheté un vieux Life au marché aux puces et retrouve une façade qui a échappé à la destruction de 1902. Je vais accueillir Bernard sur le ponton. On va boire une bière dans un boui boui, le "Colibri" avec son accueil vraiment charmant, le seul ouvert car tout est fermé le mercredi après midi à St Pierre... sauf le 8 a 8 ou je trouve enfin les denrées qui m'ont manqué pendant ce périple dans les "Iles Anglaises" : à bannir le cheese cottage, qui ressemble à du fromage blanc mais qui en fait est un truc inmangeable. Bien sûr ça venait de Mustique donc en plus hyper cher.

On retourne sur le bateau, on a des citrons, du Neisson, des cacahuètes et une guitare. c'est la soirée de l'équipage, Ti Punch cacahuètes et accords parfaits !

On repart demain pour Roseau ou Portsmouth ou Terre de Haut suivant le vent et la houle.